Burundi : le « Tambweïsme » ou l’art de s’incruster sur les photos

Article : Burundi : le « Tambweïsme » ou l’art de s’incruster sur les photos
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5 décembre 2021

Burundi : le « Tambweïsme » ou l’art de s’incruster sur les photos

Les jaloux… je sais que vous allez dire que c’est un dessin, un tableau ou simplement une photo (-shop)! Loin de là. 


Le Tambweïsme existe bien, au Burundi.  C’est le fait de s’inviter dans les photos des hauts dignitaires ou des stars à leur insu. Et ce phénomène prend de l’ampleur à Bujumbura, avec son père fondateur Anicet Niyonzima dit Tambwe.


Tambwe, 47 ans révolus, ce natif de Ngarara quartier 5 à l’air espiègle, vit actuellement au quartier Jabe. Sa famille y a déménagé alors qu’il était âgé de 13 ans. C’est à ce moment qu’il a rencontré son ami Ncoro (vers les années 1990). De leurs escapades enfantines, ils découvrent des familles qui se prennent en photo. Mais le jeune Tambwe téméraire qu’il était, n’hésitait pas à s’introduire dans les clichés des autres.


Rappelez-vous, les années 90 et les pellicules… Ce n’était pas facile de retoucher une photo déjà prise. Il fallait la développer et du coup, Tambwe était (toujours) là, bien présent… dans l’arrière-plan.


En se remémorant les histoires de leur tendre enfance Ncoro et Tambwe se lancent (il y a quelques mois) à en faire une comédie, qui devient virale dans les groupes WhatsApp au Burundi.


Des amateurs de la photographie commencent à tourner en dérision les histoires de Ncoro et Tambwe en se prenant des photos avec une autre personne s’introduisant dans le background. Cette dernière était étiquetée de Tambwe.


Ça paie…


Bien sûr, avec la notoriété que Tambwe s’est forgé, il est aujourd’hui sollicité par plusieurs compagnies commerciales pour la publicité.


Et…vous savez quoi ? Il est capable de payer le loyer, faire des économies et faire vivre sa familles (3 enfants et son épouse). Son rêve le plus fou est de s’introduire dans la photo du président de États-Unis…

Y arrivera-t-il ? Wait and see…Tout récemment, il s’est invité dans la photo du président du Burundi. C’était lors de la clôture de la semaine dédiée à l’entrepreneuriat.


Comment est-il arrivé au podium ? « Quand je me suis approché des gardes du président j’ai feint le mécano… Je me suis fait passé pour un technicien du podium. Comme si je vérifiais les câbles. Et par chance, les journalistes qui étaient là ont immortalisé l’instant. C’est en rentrant à la maison que je me suis vu dans les journaux …en ligne », raconte-il, non sans fierté.


Devenu l’icône de la photographie au Burundi, des T-Shits marqués Tambwe Mvira Mw’ifoto (Tambwe quitte ma photo, ndlr) se vendent à 30 mille francs Burundais (plus au moins 15 euro sur le taux officiel)… Les citadins se les arrachent pour promouvoir le « Tambweïsme ».

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